L’heure est venue de boucler le récit de ce voyage dans le nord-ouest de la Chine, car comme le dit l’adage, toutes les bonnes choses ont une fin. Après avoir attrapé le tournis à observer la ronde des moulins à prières de Tongren, il me fallait franchir les portes du monastère de Longwu, me perdre dans l’enchevêtrement de ses mille ruelles, observer les moines vaquer à leurs activités quotidiennes. Mais surprise, une fois passées les portes du monastère, à l’intérieur, les lieux sont pour ainsi dire déserts. Ça ne m’a pas empêché pour autant d’y déambuler quelques heures et de me poser dans un des halls en quête d’une photo panoramique à 360°. J’ai tourné au rythme des ding ding des moulins à prières, à vous de tourner maintenant.
Un chien par ici, un chat un peu craintif par là, une mamie au dos voûté qui avance péniblement à l’ombre des murs d’un monastère, ce calme a des allures irréelles. On en viendrait presque à se demander si les moines n’ont pas quitté les lieux pour fuir une épidémie, à moins qu’ils ne soient tous partis au concert du dernier groupe punk à la mode, qui sait.
Au détour d’une ruelle, un hall de prière, puis un autre. En tout, on en trouve une bonne dizaine disséminés dans l’enceinte du monastère de Longwu. Certains affichent porte close quand d’autres sont ouverts aux rares visiteurs. Une fois dans la cour, là encore, c’est le plus souvent désert. Il n’y a pour ainsi dire personne, si ce n’est un moine qui s’active ici à quelques tâches ménagères ou un autre qui traverse subrepticement la cour.
À moins qu’ils ne soient tous partis au concert du dernier groupe punk à la mode…
Je m’assieds dans un coin à l’ombre, et y reste une demi-heure, une heure, deux heures, je ne sais plus. Le billet d’entrée n’a pas d’heure de péremption, alors à quoi bon se presser. Le lieu est un peu trop calme pour en observer un semblant d’activité, mais qu’importe. La ronde placide des moulins à prières à l’extérieur du monastère, le long de la kora, aurait presque des allures de frénésie en comparaison du calme qui règne à l’intérieur.
Xiahe et le monastère de Labrang, que je dois rejoindre dès demain, sont supposés déborder de vie. Je profite donc de ces instants de quiétude. C’est mon côté un peu schizophrène en voyage. Autant je peux être fasciné, littéralement électrisé par le chaos de certaines grandes villes indiennes comme dans ce panoramique à 360° du vieux Delhi (on n’a pas à ce jour inventé mieux en terme de chaos), autant le calme, la quiétude et une certaine solitude me sont également nécessaires. Sans doute un peu pour me retrouver.
Je ne sais pas pour vous, mais chez moi, la solitude est rarement synonyme d’ennui. C’est plutôt un moment privilégié. Un moment où je ne cours plus à vouloir faire mille choses d’une journée qui ne compte que 24 heures. Le monastère de Longwu m’aura procuré ces quelques instants.
Infos pratiques
Le prix d’entrée pour visiter le monastère est de 60 ¥. Dans cette Chine où le prix de nombreux sites touristiques écorne sérieusement le budget, ça reste raisonnable.
Itinéraire de ce voyage
J'ai visité le nord-ouest de la Chine en mai 2015. J'avais rejoint la Chine en train depuis Paris via la Russie et le Kazakhstan. Voici les articles couvrant ce voyage.
- Impressions de Chine : ils sont 1,4 milliards, et moi et moi et moi
Un aperçu global de ce voyage
- Paris-Moscou, première étape de mon voyage en train vers la Chine
- Moscou-Ürümqi, seconde étape en train vers la Chine à travers le Kazakhstan
- Astana, la Dubaï des steppes kazakhes
- Tourfan, l’oasis aux portes du désert du Taklamakan
- Dunhuang et les dunes du lac du croissant de lune
- À Jiayuguan, j’ai marché sur l’extrémité occidentale de la Grande Muraille de Chine
- Le parc de Zhangye Danxia : les Chinois ont inventé la planète Mars
- Xining, êtes-vous vraiment certain de vouloir aller à Xining ?
- À Tongren, si t’as pas tourné un moulin avant 50 ans, t’as raté ta vie
Calme et sérénité au monastère de Longwu
- À Xiahe, en visite chez les punks tibétains du monastère de Labrang